PYRÉNÉES, CHEMINS DE TRAVERSE
La Haute Randonnée Pyrénéenne (H.R.P.) à contre-courant
C'est une évidence, une bonne expérience de la haute montagne hors sentiers, l'humilité et la prudence sont indispensables ...
Certaines étapes nécessitent selon la saison, crampons et piolet, encore faut-il avoir appris à s'en servir correctement (avec un guide de haute montagne ou un encadrant breveté par la FFME ou la FFCAM ) pour qu'un incident ne se transforme en accident. En groupe, une corde de randonnée peut éventuellement être utile pour assurer les moins expérimentés dans les passages exposés. Ne pas hésiter à laisser passer l'orage, quitte à "perdre" un jour. En ce qui concerne les secours, il faut avoir à l'esprit que la couverture des antennes téléphoniques est quasiment inexistante en haute montagne, que l'alerte peut être très retardée par l'éloignement et que les secours ne peuvent parfois se rendre sur place qu'à pied et n'opérer que le jour. L'attente peut être très longue, voire fatale. Il est indispensable de compléter la prudence évidente par un équipement adapté et une trousse de premiers soins adéquate. Pour le solitaire(*), rester bien en deçà de ses compétences et capacités en ayant à l'esprit que la solitude peut être absolue bien au-delà des 24 heures et qu'un incident (ou accident) mineur peut alors devenir très problématique. La difficulté de la traversée ne réside pas dans le passage rocheux (gentil petit II en rocher franc) sur le versant Est du Col de Mulleres (ou Molières) mais tout au long de la traversée dans l'engagement, la durée, l'éloignement, la solitude (en dehors de juillet-août) et la recherche de l'itinéraire, sauf dans le Parc National excessivement balisé et fréquenté. De mon point de vue, l'itinéraire étant parfois hors sentier et sans balisage, les extraits de carte au 1/50000 intégrés dans le topo de Véron sont nettement insuffisants, mieux vaut le remplacer par un petit carnet de notes et emporter des extraits de cartes les plus précises possible (1/25000) pour cheminer plus les cartes au 1/50000 pour comprendre "l'espace lointain" et s'échapper si nécessaire, sans oublier une boussole et un altimètre (je n'apprécie guère l'assistanat d'un GPS). Pour l'anecdote, j'ai rencontré dans la brume un randonneur perdu et inquiet. Il était simplement sorti du texte et la visibilité n'était pas à l'échelle de son extrait de carte ! Versant espagnol, il peut être intéressant de compléter les cartes sommaires d'Editorial-Alpina par les cartes de la série 25 de l'Instituto-Geogràfico-National. Éviter la période où les refuges sont bondés (15 juillet – 15 août) en sachant qu'ils sont pour la plupart ouverts de mi-juin à mi-septembre. A savoir que dans les Pyrénées, le printemps est plus clément à l'est qu'à l'ouest alors que pour l'automne, c'est l'inverse. Préférer la fin du printemps et le début de l'été (névés plus conséquents, végétation luxuriante, journées plus longues). Partir dès les premières lueurs du jour pour garder une marge de sécurité, éviter l'orage de fin d'après-midi et s'offrir une petite sieste. C'est tellement beau au lever du soleil ... A condition de ne pas l'avoir dans les yeux car ce n'est ni agréable ni aisé pour repérer l'itinéraire. Le bon sens dicte le bon sens : d'Est en Ouest, de la Mer à l'Océan, d'autant que les passages clès (Col des Gourgs-Blancs, Col inférieur de Litérole, Corret de Molières) sont plus faciles à franchir dans le sens Est-Ouest. Concernant le régime imposé au sac à dos : Ultra-léger, c'est bien quand tout va bien. Attention donc au minimum de sécurité (à croire qu'au vu de leur équipement, certains se sont même allégés de la conscience) et à l'éventuel bivouac impromptu, donc léger mais sans légèreté. Environ 5 % du poids du sac correspondent seulement à 1 % de celui du porteur, alors ... Pourquoi ne pas emporter dans le fond du sac le superbe livre de bivouac " Mémoire de terrain" (806 g) coédité par le Parc National des Pyrénées et les éditions du "Pin à crochets" ? (*) " Je crois que jamais un montagnard n'acquerra la qualité qui lui est le plus nécessaire, c'est à dire une confiance presque illimitée en lui-même, s'il ne s'est pas trouvé très souvent seul dans le brouillard, la neige et la tempête, au beau milieu des précipices, ne dépendant, après la providence, que de lui-même. Il m'a souvent semblé qu'à deux, on s'intimide mutuellement. C'est justement parce qu'on peut compter sur son voisin, que l'on devient pusillanime. On est plus brave dans les montagnes quand on est seul. C'est un bonheur d'être deux, c'est une leçon d'être seul. Du reste, en face de la nature, la solitude est souvent salutaire " Henry Russell - Souvenirs d'un montagnard |
Bonne traversée, ne l'avalez pas, savourez la !