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PYRÉNÉES, CHEMINS DE TRAVERSE
QUI est ce pic, ce col, ce couloir, cette brèche ... ? |
Brèche de la Clé du CURÉ et Couloir de la Clé du CURÉ - Munia, Robiñera
Serait-ce un vrai-faux antropotoponyme ? L'énigme n'est pas résolue à ce jour.
Merci de me contacter si vous avez de quelconques informations probantes ou concordantes à ce sujet.
- La Brèche de la Clé du Curé et le Couloir de la Clé du Curé (sur le versant Nord de la brèche) sont situés à l'Ouest du Pic de la Munia, entre le Mont Arrouye et la Pène Blanque. La brèche est appelée Portiella Tormoseta par les espagnols.
- En 1798, Louis Ramond de Carbonnière dans sa description du cirque de Troumouse et après avoir cité quelques toponymes pyrénéens écrit à propos de ce couloir :
- "Ces débris procèdent d'une énorme lézarde qui se prolonge du sommet à la base".
- En 1831, l'officier topographe Clément Péro place sur sa minute la Brèche de la Claou de Curé à l'emplacement du Col de la Munia (Passade de la Munia).
- En 1836, le plan cadastral indique à leurs emplacements actuels :
- "Brèche de la Claou de Curé et Canaou de la Claou de Curé".
- En 1900, Jean-Pierre Rondou [1] dans sa remarquable monographie sur la Vallée de Barèges [2] s'interroge sur cette appellation :
- "Claou det Curé, Clef du Curé. A quelle aventure doit se rapporter cette dénomination ?"
- En 1902, Les guides Henri Soulé dit "Lixandre" et Jacques Paget dit "Cantou", Lucien Briet et Gabriel de Saint-Martin réalisent l'ascension du couloir de la Clef du Curé. Lucien Briet écrivit :
- "La Clef du Curé déverse un violent talus de débris".
- En 1904, Henri Beraldi prudent indique en prenant bien la précaution d'utiliser la forme conditionnelle
- "la Clef du Curé (ainsi nommée d'un prêtre qui se serait sauvé par là en 93)".
A noter que ce serait cinq ans avant les observations de Louis Ramond de Carbonnière en 1798 qui n'en a pas dit un mot.
Vincent de Chausenque, pourtant précis dans ses descriptions, venu à Troumouse en 1827 ne l'a pas plus évoqué.
- En 1906, Georges Ledormeur descend de façon hasardeuse par ce couloir.
- En 1920, Jean-Pierre Rondou rappelait dans le Bulletin Pyrénéen :
- "Era Clau dét Curé, mot à mot, la clef du curé. Rien dans les traditions ou les légendes locales n'indique par suite de quelles circonstances ce passage a été ainsi dénommé".
- En 1968, Robert Ollivier met en garde contre les risques objectifs de ce couloir dus aux chutes de pierres fréquentes :
- "lorsque […] les rochers croulants de la partie supérieure sont à nu, cette voie se révèle simplement dangereuse".
A l'instar de Jean-Pierre Rondou et Henri Beraldi, et jusqu'à preuve du contraire on peut douter sérieusement du fait non avéré et histoire assez extravagante du curé en fuite.
Ce couloir n'est pas un passage, loin s'en faut. D'où viendrait alors cette appellation ?
- "Era claou" n'est pas qu'une clef (de serrure). On retrouve ce toponyme pyrénéen ailleurs notamment en vallée d'Arrens dans le vallon de Larribet et il signifie un espace clos, resserré ou en creux, un goulet.
- "De Curé" (avant d'être "du Curé") : Ne serait-ce pas une déformation phonétique (courante en toponymie) influencée par la traduction sommaire de Claou ?
- On trouve dans les Pyrénées ouest de nombreux toponymes issus de "Curo, Cura, Curès" et particulièrement en Vallée d'Aspe "eth clot dets Curès" (parfaite tautologie). "Curo, cura, curès" et "Clot, Clota, Cloutou" exprimant les combes, creux, ravins et précipices.
Localisation topographique
Notes de renvois
[1] Jean-Pierre Rondou (1860-1935), instituteur à Gèdre, entomologiste, ami de Lucien Briet est l'auteur d'une importante monographie de la Vallée de Barèges. Il est le fils du guide Henri Rondou (1830-1908), petit-fils du guide Jean-Grégoire Rondou-Taulat dit
"Rondo fils" (1791-1857) et arrière-petit-fils de Grégoire Taulat dit
"Arroundou" (1751-1821), contrebandier et guide de Louis Ramond de Carbonnière, appelé
"Rondo" par celui-ci.
[2] La Vallée de Barèges (à l'origine sans le "s" final) à gouvernance communautaire est l'ensemble des territoires en amont des gorges de Luz, actuellement appelé Pays Toy
[3] Ce qui n'est pas rare, un bel exemple étant le
Trône du Roi
Références
- Plan cadastral de la commune de Gèdre - 1836 - TA, A8, A9 - Numérisé et mis à disposition par archivesenligne65.fr
- Aymar d'ARLOT DE SAINT-SAUD - Étude orographique sur le bassin lacustre occidental du Néouvielle - In : Annuaire du Club Alpin Français 1901 - CAF 1902 - p. 229 - Numérisé et mis à disposition par gallica.bnf.fr
- Henri BERALDI - Cent ans aux Pyrénées - MonHélios 2011 - p. 40-43; 727; 730
- Henri BERALDI - Les Officiers topographes aux Pyrénées (1849-1851) Le Lieutenant Péro - In : Bulletin Pyrénéen n°71 - Sept. Oct. 1908 - p. 183 - Numérisé et mis à disposition par gallica.bnf.fr
- Marcellin BEROT - La vie des hommes de la montagne dans les Pyrénées racontée par la toponymie - Milan et PNP 1998 - p. 105-106; 118
- Céline BONNAL - Les guides de Gavarnie et de la vallée de Barèges - MonHélios 2018 - p. 317; 520-529; 553-554
- Lucien BRIET - Aux Pyrénées - Voyages sur le versant français 1892-1906 - La Ramonda 2017- p. 57-58; 116
- Lucien BRIET - La crête de Bounéou In : Annuaire du Club Alpin Français 1902 - CAF 1903 - p. 172 - Numérisé et mis à disposition par gallica.bnf.fr
- Vincent de CHAUSENQUE - Les Pyrénées ou Voyages pédestres - Tome I : Basses-Pyrénées et Hautes-Pyrénées - MonHélios 2006
- Jean LAMANETRE - Georges Ledormeur, le roman d'une vie - MonHélios 2014 - p. 90-91
- Robert OLLIVIER, Xavier DEFOS DU RAU, Jean RAVIER, Pierre RAVIER - Pyrénées centrales II, Bigorre, Arbizon, Néouvielle, Troumouse - Ollivier R. 1968/1986 - p. 285
- Louis RAMOND DE CARBONIERES - Voyages au Mont Perdu et dans les parties adjacentes des Hautes-Pyrénées - Belin 1801 - Numérisé et mis à disposition par archive.org
- Jean-Pierre RONDOU - Monographie de la vallée de Barèges - Tome 1er - Géographie physique, politique, économique - Manuscrit 1900 - p. 24 - Numérisé et mis à disposition par archivesenligne65.fr
- Jean-Pierre RONDOU - Monographie de la vallée de Barèges - Tome 3 - Langue, mœurs - Manuscrit 1914 - p. 118; 128 - Numérisé et mis à disposition par archivesenligne65.fr
- Jean-Pierre RONDOU - Monographie de la vallée de Barèges - Tome 4 - Histoire, bibliographie, supplément aux catalogues d’insectes - Manuscrit 1934 - p. 190-191; 193-194 - Numérisé et mis à disposition par archivesenligne65.fr
- Jean-Pierre RONDOU - Essai sur le toponymie de la Vallée de Barèges - In : Bulletin Pyrénéen n°152 - Avril Mai Juin 1920 - p. 53 - Numérisé et mis à disposition par gallica.bnf.fr